L’apôtre Jacques le Majeur, après avoir prêché en Espagne, meurt en martyr en Judée. Ses compagnons mettent son corps dans une barque pour le ramener sur le lieu de ses prédications. Ils accostent en Galice près du Cap Finisterre où ils l’enterrent. Environ huit siècles plus tard, son tombeau est découvert. Ses reliques seront abritées par une église qui deviendra cathédrale et seront à l’origine d’un des pèlerinages les plus importants de la chrétienté.
1200 ans après, le 1er septembre 2014, j’ai fait mon premier pas sur le chemin du pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle, le camino de Santiago. Est-ce-que je suis un catholique pratiquant ? Non. Est-ce-que mon intention était de faire une grande randonnée ? Non.
Je suis parti en « retraite ». Mon aspiration intérieure me poussait à me retirer pour quelque temps des affaires de la vie quotidienne pour aller dans le monde au rythme de mes pas, l’arrêt récent de mon activité professionnelle étant favorable à cette parenthèse dans ma vie.
Pourquoi Saint-Jacques ? Parce que c’est un chemin « habité ». Comme dans un monastère, on peut y goûter la solitude et en même temps apprécier le soutien et l’énergie d’une communauté. La diversité des autres pèlerins, l’accueil dans les lieux d’hébergement et la bienveillance de la population créent les conditions favorables à un cheminement vers soi, vers l’autre.
D’où partir, pour aller où ? Questionnement existentiel qui a fait se superposer au pèlerinage le chemin de ma vie. Je suis donc parti de là où je suis né pour aller là où j’habite, Saint-Jacques représentant le lieu initiatique du passage.
C’est l’enseignement de cette pérégrination que je voudrais partager à travers cette série photographique. Bien sûr, il ne s’agit pas de décrire toutes les étapes du chemin ni de détailler mes états d’âme, mais d’évoquer quelques uns des moments importants d’un voyage intérieur dont les lieux photographiés sont le reflet.