Un peu avant sept heures, le claquement du maillet sur la planche de bois appelle les méditants pour le premier zazen de la journée. C’est ainsi qu’au Japon on nomme la méditation assise : « za », s’asseoir et « zen », concentration, méditation. C’est simplement s’asseoir, en silence, face au mur, en étant attentif à la posture et à la respiration, sans se laisser entrainer par les multiples pensées qui peuvent traverser l’esprit. Chaque séance de méditation, qui dure environ une heure trente, est partagée en deux parties par une dizaine de minutes de marche lente et consciente dans le même état méditatif que l’assise. Un temps d’enseignement oral s’insère en général dans la deuxième partie. Une courte cérémonie, suivie d’une promenade rituelle, clôture la première méditation du matin.
Quatre zazen rythment la journée et invitent à une présence continue dans toutes les autres activités : les travaux nécessaires au bon déroulement de la pratique et à l’entretien du lieu (cuisine, ménage, bricolage, jardinage…), les repas pris en silence, la couture de vêtements traditionnels pour ceux qui sont engagés dans cette pratique, les moments d’échange avec les autres, les temps pour soi. Tout cela est ponctué par des sons – bois qui annonce le début et la fin de zazen, fer pour les repas et les activités, cloches et tambours pendant l’assise et les cérémonies – et par des rituels simples qui visent à ramener l’attention des pratiquants au moment présent : salutations, offrande de l’encens, manière d’entrer et de sortir du zendo (le lieu de pratique), d’aller à sa place, de prendre le repas…
Ainsi, pendant plusieurs jours, d’un week-end à une semaine, chacun essaie de maintenir une attention, une présence bienveillante à ce qui se passe, « ici et maintenant », tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de lui-même. Cette pratique intensive s’appelle en japonais « sesshin », ce qui se traduit par « toucher l’esprit ». L’« esprit » correspond à la « nature de Bouddha » qui existe en chacun de nous et qui peut se révéler si nous cessons de nous identifier à toutes les constructions mentales qui créent un « moi » illusoire. Bouddha n’est pas une divinité mais un nom qui signifie « l’éveillé » et qui a été attribué à un homme ayant réalisé l’« éveil » et enseigné comment chacun peut y parvenir.