J’ai rencontré Léa pour la première fois dans un concert de Métal où elle tatouait des gens à la demande. J’ai fait quelques images que je lui ai portées en lui demandant si on pouvait se voir plus longuement pour qu’on fasse d’autres photos et qu’elle me parle de son art.
Le tatouage me posait question et attirait mon œil de photographe. Je savais plus ou moins que son histoire remonte à quelques milliers d’années avant notre ère et qu’il a été utilisé, selon les époques et les lieux géographiques, à différentes fins : religieuse, initiatique, thérapeutique, identitaire, symbolique, esthétique. J’avais conscience qu’il y a encore peu de temps, en France, le tatouage était associé à des milieux masculins de « durs » : prisonniers, marins, militaires, « bikers », mais que maintenant, il se féminise de plus en plus, bien que l’aspect « macho » n’ait pas disparu.
La peau, cette frontière entre soi et le monde, peut être vue comme une surface de projection où mettre en scène des ressentis intimes pour les objectiver, peut-être vivre mieux avec et tenter de montrer aux autres qui on est.
Et justement, j’ai eu envie d’en savoir un peu plus sur qui ils / elles sont. Qu’est-ce qui pousse quelqu’un à entrer dans un salon de tatouage ? Pourquoi on continue, malgré la douleur, le regard des autres pas forcément bienveillant, les proches pas toujours d’accord, le côté irréversible de l’encrage, le vieillissement de la peau ? Puis, comment le tatoué devient-il tatoueur et évolue-t-il dans ce milieu professionnel ?
C’est tout cela que j’ai demandé à Léa, en lui proposant de poser devant mon appareil photo pour illustrer son propos. Les images sont ici. Le book, avec d’autres photos de son travail et son interview, est par là : https://www.calameo.com/books/0069049885b26c13aa02c?authid=J7S8SkPAlgvO